Crépuscule baptistaire
Dans le bois, l'air s'est raréfié comme aspiré par la folie du crépuscule. Elles s'aveuglent dans la communion de leurs âmes et oublient... oublient le temps qui avance... oublient leurs peurs. Elles sont belles mes soeurs, tellement animales, enivrées de l'ambroisie de Tantale. Tellement transparentes, sans crainte apparente... et sans défense à cette instance...
Je les protégerai... contre
elles-mêmes, contre eux... si vilainement humains... de lui,
mon jumeau, si cruellement divin.
Je scrute l'air. Mon sang ne fait qu'un
tour. Il est déjà là. D'instinct, je le sens.
Il est là, dissimulé au
milieu de ces fleurs... rares, éblouissantes et monstrueuses,
étranges croisements, fleurs de nos expériences
d'enfant, quand lui et moi nous cachions du regard des aînés
enfreignant leurs commandements... des fleurs hideuses de nos
blessures, des pétales de sabres au parfum de nos névroses,
des angoisses envoûtantes.
Mes soeurs...
Elles dansent, ondulantes, serpentes...
si belles... obsédantes...
Des couleurs flamboyantes passent dans
les prunelles de mes soeurs.
Des jets de lumières noires
jaillissent de toutes parts, ténébreux savoir de
Lumine.
Mon coeur bat à grands coups
mais elles, ne se doutent de rien... elles paraissent si
insouciantes... dans leurs danses lascives...
Ne pas gâcher la fête...
Sardanapale à côté
de moi, si brûlante... dans une étreinte,
irrésistiblement, je la saisis et les rejoins dans leur
sarabande.